Susciter l'adhésion à vos projets !
Un projet, c’est du carbone et de l’argent !
Ainsi, dans un contexte de crise systémique (notamment climatique et économique), il deviendra de plus en plus difficile d’engager un projet structurant (aménagement, immobilier, notamment) pour au moins 3 raisons :
- Le manque d’argent (le budget des collectivités sera de plus en plus sous pression)
- L’exigence de réduction de l’empreinte carbone
- La fragmentation sociale et la montée des tensions (article « La tectonique des foules »)
Dans ce contexte, chaque projet d’envergure doit être le résultat d’un arbitrage éclairé (étude d’opportunité intégrant l’impératif de résilience) et d’un processus de mobilisation de l’intelligence collective qui implique au maximum l’ensemble des parties prenantes.
Avant de lancer le projet, évaluez a priori sa recevabilité climatique et sociale
Pour être recevable climatiquement, un projet devra de plus en plus démontrer sa contribution à la résilience du territoire :
- Réduction de l’empreinte carbone du territoire (neutralité carbone au minimum)
- Contribution à l’autonomie locale (alimentaire, énergétique, industrielle, sanitaire, recours aux ressources locales ..)
- Mobilisation de l’intelligence collective
- Contribution à l’amélioration de la qualité de vie du plus grand nombre (à l’intérêt général)
L’absence ou le manque de recevabilité climatique expose le projet (et ses promoteurs) au risque de conflit avec tout ou partie des parties prenantes, ou de conflits entre parties prenantes (ex : affrontement entre « les pour » et « les contres » à propos des bassines).
Dans tous les cas, avant de lancer votre projet, réalisez une cartographie des parties prenantes rigoureuse pour identifier les forces en présence et les points de tension potentiels.
Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à un projet si sa recevabilité sociale est faible dès lors qu’il est porteur de résilience (et donc de sobriété). Mais il faudra dans cette éventualité, adopter une stratégie de conduite du changement adaptée.
Les stratégies de résolution de conflits
Face à un conflit prévisible ou constaté, plusieurs stratégies sont à votre disposition
- Le compromis : le projet est modifié, aménagé de manière à satisfaire les attentes des différentes prenantes. Celles-ci sont souvent amenées à faire des concessions.
- La compétition (stratégie gagnant-perdant) : la direction du projet donne raison à une partie des parties prenantes avec le risque de se retrouver en conflit -en tout cas de susciter une opposition- de la part des autres. Cette stratégie peut se justifier dans le cas bien sûr où la raison et le courage ne s’accommodent pas de demi-mesures et de compromis.
- La sublimation («plutôt que de vous disputez la couleur de la moquette, vous feriez mieux de m’aider à éteindre le feu qui gagne la maison»). Plutôt que de s’engager sur la voie de la négociation et des compromis, la direction du projet s’appuie sur une communication subliminale qui amène les parties prenantes à dépasser leurs égoïsmes et petites guerres locales. Dans ce cas, le projet est présenté en tant que réponse à un défi existentiel, à une situation d’urgence, de manière à ce que leur collaboration et contribution au projet leur apparaissent incontournables. Les intérêts particuliers sont transcendés au profit du bien commun. Pour être efficace, cette stratégie doit supporter un projet objectivement existentiel.
- Capitulation : la direction du projet renonce au projet, en tout cas dans l’immédiat. Si le projet contribue à la résilience et à l’intérêt général, cette stratégie n’est envisageable que dans le cas où laisser un peu de temps au temps permet aux parties prenantes de prendre conscience de la nécessité du projet (la canicule de l’été dernier aura permis à des millions de français de prendre conscience de l’urgence climatique).
Dans l’ensemble, mieux vaut éviter de capituler. Pour le reste, le déploiement des autres stratégies sera fonction du rapport de force entre les parties prenantes et donc de la cartographie des parties prenantes.
Mobiliser l’intelligence collective – Impliquer les parties prenantes
Une fois convaincu de la légitimité objective de votre projet, reste à élaborer et déployer une stratégie de conduite du changement permettant de susciter l’adhésion d’un maximum de parties prenantes.
Pour chaque partie prenantes, plusieurs possibilités :
- Black-out. La partie prenante n’est pas même informée du projet. « La caravane passe ». Évidemment, cette stratégie n’est recommandable que dans de rares cas.
- Information (persuasive). Le projet est « vendu » en l’état à la partie prenante à force de communication et de pédagogie. Attention les gens sont de moins en moins crédules et les slogans du type « cette réforme des retraites est faite pour vous » peuvent générer un sentiment de mépris.
- Consultation : La partie prenante est invitée à s’exprimer sur le projet, à formuler ses attentes, voire des propositions. La direction du projet se réserve le droit de prendre en compte ou pas l’expression de la partie prenante.
- Concertation/Négociation/Coproduction : La partie prenante est associée à la conception du projet et à toute ou partie des validations.
- Délégation : La direction du projet délègue une partie du projet (une fonction, un lot de travaux) à la partie prenante. Par exemple, les futurs occupants d’une résidence disposent d’un budget pour décider de l’aménagement des espaces verts.
Sachant que plus une partie prenante se sent associée au projet, plus elle est susceptible d’y adhérer et de s’approprier sa concrétisation (le ou les livrables, qu’il s’agisse d’un tram-bus, d’un espace vert,..), sauf cas particulier, nous recommandons d’opter pour un processus extrêmement participatif :
- Organisation d’un évènement de pure convivialité qui mobilise l’ensemble des usagers/bénéficiaires du projet. Cette première étape peut surprendre. Elle est pourtant essentielle car elle permet de :
- Créer un climat propice au dialogue entre les parties prenantes
- Susciter un état d’esprit constructif et d’écoute active
- Favoriser les candidatures au conseil citoyen (ou équivalent) à mettre en place
- Rapprocher, recréer du lien social au sein de la population
- Diffusion enquête par questionnaire « Votre perception de l’avenir – Votre qualité de vie » et restitution/discussion publique de ses résultats. Cette enquête permet une prise de conscience partagée de la nécessité d’intelligence collective (donc de solidarité) dans un contexte de crise transformation systémique
- Constitution et animation d’un Conseil citoyen qui sera mandaté pour concevoir (en s’appuyant sur un éco système d’experts) les fonctionnalités du livrable
- Si besoin création de cercles thématiques (instances permettant aux habitants d’exprimer leurs attentes, craintes et propositions sur une dimension (une fonction, un sous système) du projet et ainsi d’alimenter la réflexion du Conseil citoyen
Plus de détail sur Agorapolis
En conclusion : Susciter l’adhésion à un projet requière dans un premier temps de s’interroger sur la recevabilité climatique et sociale du projet, puis de se donner les moyens (donc le temps) d’une participation aussi large que possible des parties prenantes au projet.
Good night and good luck.